Catéchèse sur P&A du 13 novembre 2019

4 décembre 2019

Chers frères et sœurs, bonjour !
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Les Actes des apôtres racontent que Paul, en évangélisateur infatigable qu’il est, après son séjour à Athènes, poursuit la diffusion de l’Evangile dans le monde. Une nouvelle étape de son voyage missionnaire est Corinthe, capitale de la province romaine de l’Achaïe, une ville commerciale et cosmopolite, grâce à la présence de deux ports importants.
Comme nous le lisons dans le chapitre 18 des Actes, Paul trouve l’hospitalité chez un couple d’époux, Aquilas et Priscille (ou Prisca), obligés de se transférer de Rome à Corinthe après que l’empereur Claude a ordonné l’expulsion des juifs (cf. Ac 18, 2). (...) — Ces époux démontrent qu’ils ont un cœur plein de foi en Dieu et généreux envers les autres, capable de faire place à ceux qui, comme eux, font l’expérience de la condition d’étranger. Leur sensibilité les amène à se décentrer d’eux-mêmes pour pratiquer l’art chrétien de l’hospitalité (cf. Rm 12, 13 ; He 13, 2) et ouvrir les portes de leur maison pour accueillir l’apôtre Paul. Ainsi, ils accueillent non seulement l’évangélisateur, mais également l’annonce qu’il apporte avec lui : l’Evangile du Christ qui est « une force de Dieu pour le salut de tout homme qui croit » (Rm 1, 16). Et à partir de ce moment leur maison s’imprègne du parfum de la Parole « vivante » (He 4, 12) qui vivifie les cœurs.
Aquilas et Priscille partagent également avec Paul leur activité professionnelle, c’est-à-dire la construction de tentes. En effet, Paul estimait beaucoup le travail manuel et le considérait un espace privilégié de témoignage chrétien (cf. 1 Co 4, 12), ainsi qu’une juste manière de subvenir à soi-même sans être un poids pour les autres (cf. 1 Th 2, 9 ; 2 Th 3, 8) ou pour la communauté.
La maison d’Aquilas et Priscille à Corinthe ouvre les portes non seulement à l’apôtre, mais également aux frères et sœurs dans le Christ. En effet, Paul peut parler de l’« assemblée qui se réunit chez eux » (1 Co 16, 19), qui devient une « maison de l’Eglise », une « domus ecclesiae », un lieu d’écoute de la Parole de Dieu et de célébration de l’Eucharistie. Aujourd’hui aussi, dans certains pays où il n’y a pas de liberté religieuse ni de liberté pour les chrétiens, ces derniers se rassemblent dans une maison, un peu en cachette, pour prier et célébrer l’Eucharistie. Aujourd’hui aussi ces maisons existent, ces familles qui deviennent un temple pour l’Eucharistie.
Après un an et demi de séjour à Corinthe, Paul quitte cette ville avec Aquilas et Priscille, qui s’arrêtent à Ephèse. Là aussi, leur maison devient un lieu de catéchèse (cf. Ac 18, 26). Enfin, les deux époux rentreront à Rome et seront les destinataires d’un éloge splendide que l’apôtre insère dans la Lettre aux Romains. Son cœur était reconnaissant et c’est pourquoi Paul écrivit sur ces deux époux dans la Lettre aux Romains. Ecoutez : « Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus ; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude : c’est le cas de toutes les Eglises de la gentilité » (16, 4). Combien de familles en temps de persécution risquent leur tête pour cacher ceux qui sont persécutés ! C’est le premier exemple : l’accueil familial, même dans les moments difficiles.
Parmi les nombreux collaborateurs de Paul, Aquilas et Priscille apparaissent comme des « modèles d’une vie conjugale engagée de façon responsable au service de toute la communauté chrétienne » et ils nous rappellent que, grâce à la foi et à l’engagement dans l’évangélisation de tant de laïcs comme eux, le christianisme est parvenu jusqu’à nous. En effet, « pour s’enraciner dans la terre du peuple, pour se développer de façon vivante, était nécessaire l’engagement de ces familles. Mais pensez que le christianisme des débuts a été prêché par des laïcs. Vous aussi laïcs avez la responsabilité, en raison de votre baptême, de faire avancer la foi. C’était l’engagement de tant de familles, de ces époux, de ces communautés chrétiennes, et de fidèles laïcs qui ont offert l’“humus” à la croissance de la foi » (Benoît XVI, Catéchèse, 7 février 2007). C’est une belle phrase du Pape Benoît XVI : les laïcs donnent l’humus à la croissance de la foi.
Demandons au Père, qui a choisi de faire des époux sa « vraie “sculpture” vivante » (Exhorta. ap. Amoris laetitia, n. 11) — Je crois qu’ici il y a des jeunes mariés : écoutez votre vocation, vous devez être la vraie sculpture vivante — de diffuser son Esprit sur tous les couples chrétiens pour que, à l’exemple d’Aquilas et Priscille, ils sachent ouvrir les portes de leurs cœurs au Christ et à leurs frères et qu’ils transforment leurs maisons en églises domestiques. Belle expression : une maison est une église domestique, où vivre la communion et offrir le culte de la vie vécue avec foi, espérance et charité.
Nous devons prier ces deux saints Aquilas et Prisca, pour qu’ils enseignent à nos familles à être comme eux : une église domestique où se trouve l’humus, pour que la foi grandisse.
(...)